Il n’y a pas que les églises qui sont vides.
Pour signifier le déclin du catholicisme au Québec et l’abandon de la pratique religieuse, certains journalistes de la presse écrite, certains commentateurs de la radio et de la télévision prennent appui sur le nombre de fidèles qui se rendent au culte le dimanche. Selon eux, la religion n’intéresse plus personne et la preuve en est que les églises sont vides. Conclusion: Dieu est mort; la religion agonise; la post-modernité peut se passer d’une relation régulière avec la divinité. Le relativisme et le subjectivisme semblent avoir gagné
En effet, les églises sont vides. Mais il n’y a pas que les églises qui sont vides au Québec. La salle du conseil municipal est vide. Les salles des conseils d’administration de bien des organismes sont vides. Les salles de concert sont souvent à moitié vides. Les bureaux de vote sont vides. Les salles des associations étudiantes sont vides. Les salles des syndiqués sont vides. Il y a pas mal de salles vides au Québec. Pire encore, le coeur du Québec est vide.
C’est l’ère du vide.
Le vide est causé par la négation de quelque chose d’important, le rejet de ce que tisse l’être dans les profondeurs. Le vide naît de l’absence d’une réalité qui a quitté, soit parce qu’elle était mal utilisée, soit parce qu’on n’en voyait plus la nécessité.
Le vide surgit quand l’ordre dans l’être est inversé. Lorsque les moyens l’emportent sur la finalité. Lorsque les grandes données de la vie cessent d’être transmises et sont remplacées par des techniques de substitution.
Le Québec meurt de ne pas réaliser ses rêves. Il désespère devant ce qui est à accomplir, perd ses forces devant la difficulté, s’auréole de beaux discours pour cacher ses échecs, travestit la réalité, endimanche ses mensonges et ses demi-vérités.
Le vide se creuse en lui parce qu’il a perdu son âme, nié ses racines ancestrales, dissipé son passé dans l’amnésie chantée par de nouveaux grand-prêtres laïcs.
Pour redonner à l’être sa joie de vivre, il faut remonter aux lois de la vie et se méfier des thuriféraires patentés du néo-scientisme à la mode. Il ne faut pas cacher la misère de l’homme et lui offrir dans cette misère le nécessaire, c’est-à-dire tout ce qui le conduit sur le chemin de l’esprit.
Penser fait la grandeur de l’homme. Il faut que l’homme se sente appelé à une tâche, à faire quelque chose qui donne sens à la vie. Il faut que l’homme se sente connu et aimé pour ce qu’il est et non pour son rendement. Il faut qu’il se sente porté par les autres et stimulé à les porter eux aussi.
À l’évidence, le Québec n’a plus de but fixe, n’a plus de projet rassembleur, de vision d’avenir stimulante. Il sombre dans le relativisme et l’individualisme à tout crin.
C’est à cause de cela qu’il se livre à l’anarchie morale, à la violence et au désespoir. Pour combler le vide, il faut au pèlerin de la vie, quelques graines d’Absolu. Il faut des semeurs pour les planter dans le champ du quotidien. Serait-ce que ces derniers ont délaissé leur mission de sauver l’intelligence au milieu de tant de fatras destructeurs?
Nestor Turcotte, 2023-09-10
https://www.facebook.com/nestor.turcotte.9/posts/pfbid0EZ6TZ5pAmtAhRuTCxtv1yPyQRp7tE2EH2SKG1wvmmbi8q5Qwpp2LqroYDNTeX3CSl
Bonne lecture
_____________________________________________________________